Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/122

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Le nombre d’ennemis qu’il jugeait nécessaire
À son œuvre follement haut, mais ordonné.
Son geste les marquait comme des condamnés
À l’attaquer toujours sans le pouvoir abattre,
À le servir par leur folie à le combattre,
À n’être rien qu’un troupeau morne et ténébreux
Qui craint le fouet et les lanières ;
Et son orgueil monumental croulait sur eux
Lentement, pesamment,
Et bloc à bloc, et pierre à pierre,
Sans qu’un seul cri de violence
Ne répondît encor à cet acharnement
Dans le silence.

Son triomphe sonna bientôt par la cité
Et retentit de là jusqu’aux confins du monde.
D’un coup, tous les espoirs ressurgirent, entés
Sur les rameaux touffus de sa force profonde ;
Les négoces multipliés et haletants
Reprirent sur la mer leur essor vers l’espace,
Et l’or torrentiel rapide et insolent