Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/153

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On travaillait partout — entrain, hâte, gaieté —
Si bien qu’à ses confins la grouillante cité
Semblait brûler déjà et de fièvre et d’audace,
Avant que l’ample joie incendiât les places.

Or, à cette heure, en sa maison,
Celui pour qui battaient à l’unisson
Tant de cœurs doux, naïfs et rudes,
Étudiait comme un secret,
Quelle parole, il jetterait
À la rouge et chantante et folle multitude.
Il lui fut autrefois appui, guide, conseil ;
Il inventait les mots pour les mornes détresses.
Mais quel geste trouver pour bercer les ivresses
Et les tressaillements d’un triomphal réveil ?

Comme à l’éparpillée,
Les cent cloches mêlant leurs voix multipliées,
À la fête tonnante au loin, sur les remparts,
S’interpellaient et babillaient de toutes parts,