Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/18

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Je conservai longtemps son souvenir pieux,
Dans mon étroit livre de messe ;
On y lisait la bonne promesse
De se retrouver tous aux deux ;
Et c’est ainsi que je fis plus douce connaissance
Grâce à sa mort, avec la Vierge et le bon Dieu !



Depuis — Oh ! que de morts et de naissances
Et que de gens défunts — ses parents et les miens
Et le curé de Marikerke et le gardien
Du tir à l’arbalète où nous allions ensemble !
Oh ! ma petite amie, as-tu appris
Là-haut, qu’en la drève du Nord, le tremble
Fendu d’éclairs, a refleuri ?
Que les vieilles maisons du Bril sont abattues,
Avec leurs ors et leurs statues.
Qui se miraient et remuaient dans l’eau
Et semblaient vivre dans l’Escaut ? —
As-tu entendu dire
Que, dans l’île de Saint-Amand,
Un héron grand comme un aigle d’Empire
A fait son nid, superbement ?

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