Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et le docteur dont j’avais peur
Était venu et revenu,
Avec son bâton noir et ses lunettes d’or,
Dire des mots mystérieux
Et les redire encor ;
Et j’avais vu ses mains, son front, ses yeux
Errer, autour de ma torpeur.


Et puis j’avais langui
Des jours, des jours et des semaines ;
On avait fait des vœux ardents et des neuvaines
Et même le curé avait prié pour moi.
Ç’avait été des temps d’inoubliable émoi,
Jusques à l’heure où l’on sentit venir,
Par les chemins des renaissants désirs,
S’asseoir enfin, avec douceur et complaisance,
Près de mon lit
Tout à coup clair et embelli,
La pâle mais déjà rose convalescence.


Oh ! les bons jours que je vécus alors !
Ma chambre était joyeuse et sa tiédeur légère,