Page:Verhaeren - Les Tendresses premières, 1904.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les gueux, les éclopés, les mendiants
Qui s’en venaient prier de porte en porte
Me semblaient être d’autres gens ;
Leurs pieds fourbus, leurs jambes tortes
Boitaient d’un autre mouvement,
Et même, un jour, je ne pus reconnaître
La carriole vert-pomme du médecin
Qui ramenait du bourg voisin,
Trois béguines avec un prêtre.


On m’avait dit :
Au temps des foins,
Par un jour clair d’après-midi,
On distingue, par au-delà des routes blondes,
Parmi ses remparts rouges et verts, Termonde
Et quelquefois Malines, et puis Anvers, très loin…
Et je m’évertuais à découvrir, du coin
De mon tranquille et solitaire observatoire,
Avec mes yeux grands et fiévreux, la gloire
De Notre-Dame et du vieux Saint Rombaut.
Mais rien ne m’apparut jamais,
Les nuages passaient et s’exilaient, là-haut,
L’espace entier sonnait du cri des hirondelles,

44