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poèmes

Vers les autels immensément et vers les trônes,
Là-bas, ornés d’argent, de feux, et de rosaires,
Le soir, au fond des chapelles en noir ; et l’ombre
D’un grand pilier, sur les dalles, droite, allongée
Ainsi qu’un bras de soir et de volonté sombre
Vers ces vieilles en noir, dont la ferveur figée
Grandit l’hiératique allure évocatoire,
Au fond des chapelles en noir ; et les martyres
Et les saintes, et la série incantatoire
Des longs cierges et le grésillement des cires,
Le soir, sur de lourds trépieds noirs, dans les chapelles
En noir ; et ce Jésus, vieux de siècles et triste,
Ce Christ en noir du soir, dont les loques charnelles
Pendent au long des croix et dont le nom persiste,
Le soir, dans le vieux cœur en noir des grandes vieilles,
Dans leur vieux cœur en noir et or et leurs mémoires !

Et comme elles, s’user à des marmonnements ;
Et comme elles, rouler, en uniformes moires,