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poèmes


Cela se perd, cela s’en va, cela se disloque,
Cela se plaint en moi, si monotonement,
Et cela semble un cri d’oiseau, qui s’effiloque,
Qui s’effiloque au vent d’hiver, lointainement.

Oh ces longues heures après ces longues heures,
Et sans trêve, toujours, et sans savoir pourquoi ;
Et sans savoir pourquoi ces angoisses majeures ;
Oh ces longues heures d’heures à travers moi !

Une torture ? — Oh vous qui les savez si mornes
Ces nuits mornes, et qui dansez, au vent du Nord,
Ruts d’ouragan, sur les marais et les viornes
Et les étangs et les chemins et sur la mort ;

Une torture en moi qui frappe et me lacère ?
Une torture à pleins éclairs, comme des faulx
Et des sabres, par à travers de ma misère ;
Une torture, à coups de clous et de marteaux ?