Page:Verhaeren - Poèmes, t2, 1896.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
poèmes

Roule les lents retours et les départs funèbres
De la mer vers la mer et des voiles toujours
Vers les voiles, tandis que d’immenses usines
Indomptables, avec marteaux cassant du fer,
Avec cycles d’acier virant leurs gelasines,
Tordent au bord des quais — tels des membres de chair,
Écartelés sur des crochets et sur des roues —
Leurs lanières de peine et leurs volants d’ennui.
Au loin, de longs tunnels fumeux, au loin, des boues
Et des gueules d’égout engloutissant la nuit ;
Et stride un tout à coup de cri, stride et s’éraille :
Et trains, voici les trains qui vont plaquant les ponts,
Les trains qui vont battant le rail et la ferraille,
Qui vont et vont mangés par les sous-sols profonds
Et revomis, là-bas, vers les gares lointaines,
Les trains, là-bas, les trains tumultueux — partis.

Tonneaux de poix, flaques d’huiles, ballots de laine !