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poèmes


Et détraqué malade, sorti de la prison
Et des travaux forcés de sa raison,
D’appareiller vers un lointain nouveau ?

Dites, ne plus sentir sa vie escaladée
Par les talons de fer de chaque idée,
Ne plus l’entendre infiniment en soi
Ce cri, toujours identique, ou crainte, ou rage,
Vers le grand inconnu qui dans les cieux voyage :
Croire en la démence ainsi qu’en une foi !

Sur ce roc carié que détraque la mer,
Vieillir, triste rêveur de l’escarpé domaine,
Les chairs mortes, l’espérance en allée,
À rebours de la vie immense et désolée ;

N’entendre plus se taire, en sa maison d’ébène,
Qu’un silence de fer dont auraient peur les morts ;