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les apparus dans mes chemins

Elle est paisible et solennelle,
Sans rien qui ne soit pur en elle :
Elle nous fait les tranquillement doux,
Les inclinés, à deux genoux,
Devant la toute misère humaine.
Le creux orgueil et l’audace de plaire
S’emplument d’or, sur leur théâtre
En vain ; et se couronnent de leur haine ;
Quand la bonté paraît son cœur silencieux
Conquiert si sûrement tous ceux
Qui ont souci de leur bonheur et de leur vie,
Que c’est elle l’humble, mais la servie.

Chaste violemment, malgré son cri charnel,
L’amour est si vivant, qu’il se croit éternel.
Doucement mère, avec ses doigts d’aurore,
L’amante est là, qui fait éclore,
En des cerveaux de soir, la lumière fragile ;
Elle est celle qui sait les cœurs d’argile
Et comme vite, ils se brisent, si ses deux mains
Ne les garaient, contre son sein.
En robe douce et dont les traînes
Lui font aux pieds, comme des ailes,
Elle me dit les paroles fidèles :