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poèmes, iiie série


De la rive, les gens du port
Les regardaient, sans faire un signe :
Aux cordages, le long des mâts,
Les Sirènes, couvertes d’or,
Tordaient, comme des vignes,
Les lignes
Sinueuses de leurs corps.

Les gens se regardaient, ne sachant pas
Ce qui venait de l’océan, là-bas,
Malgré les brumes,
Le navire semblait comme un panier d’argent
Rempli de chair, de fruits et d’or bougeant
Qui s’avançait, porté sur des ailes d’écume.

Les Sirènes chantaient,
Dans les cordages du navire ;
Les bras tendus en lyres
Les seins levés comme des feux ;
Les Sirènes chantaient
Devant le soir houleux,