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les vignes de ma muraille


Les yeux calmés, les désirs grêles,
Et peureuses de la victoire
Qui bondirait vers elles
D’un horizon trop rouge et trop notoire,
Silencieusement, en des golfes tranquilles,
Au crépuscule, avec les rais du soir,
Elles filent.

Elles s’assoient de mantelets vêtues,
Comme les corps humbles des gothiques statues.
Quelques bijoux sans faste
Meurent sur leur poitrine chaste.
Le drap flottant de leurs cheveux
Les couvrirait jusques au sol,
N’était qu’elles ne l’arrêtent au col,
Timidement, comme un aveu.

Au crépuscule, avec les rais du soir,
En des golfes tranquilles,
Sans trop savoir
Ni les autres, ni elles-mêmes,
Elles filent, avec des fils d’argent
Et d’or bougeant