Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Et que son père est vieux, comme un calvaire.

Sainte Vierge, sois-lui bonne, je parle bas,
Je ne t’affirme rien que la vérité franche,
Tu peux tâter : j’ai conservé,
Malgré le mal que j’en aurai,

Le plomb dans mes souliers et le houx dans mes manches. »


Quand il sortit, le pèlerin

Heurta le sacristain
Qui accourait fermer le sanctuaire.
La lune était levée. Et les bruyères
Étaient pâles et bleues,

Immensément, de lieue en lieue…


Il retourna sans trop savoir

Par quels chemins, vers son village.
Les Angélus tintaient. Leurs martelages
Frappaient les longs échos des soirs.
Sa tête était calmée. Il entendit encor
Au fond des bourgs, chanter les orgues d’or
Et trépigner la danse en sabots lourds ;
Mais il reprit la route et resta sourd

À l’appel fou des kermesses lointaines.