Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/80

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De tout ce qui s’acquiert par l’effort et par l’art,
Dans l’univers gonflé de gloire et de richesse.


L’immobile fierté de nos beffrois flamands

Vos yeux, avant nos yeux, tels soirs, l’ont regardée,
Et votre âme et notre âme ont mis la même idée

Dans ces pierres d’orgueil frôlant le firmament.


Aussi voulons-nous tous que nos cités soient celles

Qui remplissent de votre souvenir, nos cœurs,
Vous qui fîtes sonner si loin les noms vainqueurs

De Bruges et de Gand, d’Anvers et de Bruxelles.


Depuis que vous dormez dans notre sol, chez-vous.

Le monde
Fut remué, terre par terre, onde par onde,
Dites, sous quels afflux ou quels remous,

Jusqu’au tréfond de sa force profonde.


Tout a changé : les ténèbres et les flambeaux.

Les droits et les devoirs ont fait d’autres faisceaux ;
Du sol jusqu’au soleil, une neuve énergie

Diverge un sang torride, en la vie élargie ;