Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/84

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Votre vigueur s’affirme, avec ténacité,

Dans le brasier universel des énergies ;
Votre flamme, pour mieux grandir et s’exalter
Plus que nulle autre, aux vents frondeurs, s’est élargie ;
Vous adorez la lutte ardente, ayant souffert ;
Votre œuvre est patiente, et néanmoins lyrique ;
Soudain, elle a fleuri, au delà de la mer,
Là-bas, dans les forêts et les brousses d’Afrique,
Sous un aride, hostile et calcinant soleil ;
Villes de Flandre et de Brabant, villes profondes
De courage secret et de vouloir vermeil,
Votre vie est utile à la splendeur du monde,
Et ce que vous ferez, et puis ferez encor,
D’ardu, de clair, de grand et d’unique sur terre,
Soit par l’effort multiple ou l’élan solitaire,
Grâce à notre âme écouteuse, sera d’accord

Toujours, avec la voix sourde de vos grands morts.


Artevelde, les deux Van Eyck, Rubens, Vésale,

— Éclairs du vieux passé sur l’horizon nouveau —
Comme un orage d’or, vos œuvres colossales

Grondent, superbement, autour de nos cerveaux.