Page:Verhaeren - Rembrandt, Laurens.djvu/104

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il le veut : ni la simple ligne, ni la couleur vraie ne lui auraient permis de révéler au monde l’univers d’étonnement et de grandeur qu’il portait en lui. Elle était, elle devait être son moyen d’expression : elle fut en outre le plus rare et le plus extraordinaire procédé que la peinture ait suscité parmi les grands maîtres.


VII.

L’influence de Rembrandt.


Rembrandt, comme nous l’avons établi, demeure indépendant de l’école hollandaise du XVIIe siècle. On ne songe guère à lui quand on évoque cette période, bien qu’il la domine. C’est à ces petites, bien que merveilleuses lumières que furent les Metsu, les Terburg, les Steen que vole le souvenir. Son influence, locale, fut quasi nulle ; la leur fut prépondérante. En eux se retrouvent toutes les caractéristiques qui séparent une province d’art d’une autre. Lui, dont l’art se répercutera à travers les siècles, au point d’être moderne toujours, ne sera en son temps qu’un grand maître entouré d’élèves fervents. Eux seront l’âme même du peuple. D’ordinaire — mais ce ne fut guère le cas pour Rembrandt — les plus grands peintres sont les plus populaires. Tel fut le sort de Rubens.

À lui seul, ce dernier représente toute l’école flamande du XVIe siècle. Son temps et son milieu le forment et revivent en lui. Il les reflète en ses toiles, comme en une succession de miroirs. Son génie est fécondé par sa race, la féconde à son tour et lui donne de nouveaux génies