Page:Verhaeren - Rembrandt, Laurens.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans l’Actéon, c’était l’excès du vice ; dans Jacob reconnaissant la tunique ensanglantée de Joseph, c’était l’excès du désespoir ; dans les Disciples d’Emmaüs, c’était l’excès de l’ineffable. La norme était franchie, constamment. Or, la norme, ni trop, ni trop peu, c’est l’idéal même de cet être tranquille, modéré, lent, pratique et bourgeois qu’est au fond tout vrai et authentique Hollandais.

Catz, le poète moraliste, le comprit. Comme ces maisons construites juste à la hauteur des digues et que les flots ne submergent jamais, son œuvre est au niveau des mœurs et des pratiques de son peuple. Sa sagesse est souriante, ses idées saines, ses proverbes indiscutables. Aujourd’hui encore dans les conseils des maîtres à leurs sujets, des parents à leurs enfants, des gouvernants à leurs gouvernés, les axiomes trouvés par lui au fond de son bon sens servent à renforcer la monotonie des discours ou des prêches. On ne trouve en ses quatrains et ses dixains aucune idée profonde, aucune brûlure d’éclair ni de génie ; mais le ton est bonhomme, la philosophie surveillée, la parole aisée, l’observation solide et courte. Comme les peintres de mœurs et de facéties, Catz est à l’opposé de toute violence, de toute profondeur, de toute sublimité. Il comprend peu, mais ce qu’il découvre est bien à la portée de tous, ici, à fleur de sol et non pas là-haut, du côté des étoiles.

D’ordinaire, on explique par de petites raisons la défaveur qui accabla Rembrandt, après l’achèvement de la Ronde de nuit.