Page:Verhaeren - Rembrandt, Laurens.djvu/87

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nies de valeurs, soit à des oppositions ou a des jeux d’éclairages et de ténèbres plutôt qu’à des ensembles de lignes. Le caractère est recherché avant tout. La vie des clairs et des sombres, leur violence audacieuse, mais réglée, apparaît.

Voici Diane au bain (1631), où les noirs reculés dans le fond de la planche et s’épaississant comme des dessous de feuillages denses et lourds rejettent si heureusement le corps de la déesse en pleine lumière. Le modelé des chairs est sommaire : pourtant on y sent toutes les rotondités de la graisse se bosselant aux cuisses et au ventre, et se resserrant autour des bras et du cou. La Diane, certes, ne vient pas de l’Olympe, elle sort plutôt d’une cuisine. N’importe, l’œuvre est trop belle de métier pour qu’elle ne balaie point les réticences de toute critique. Le Vieillard au manteau de velours (1635) affirme plus encore que la Diane au bain la force personnelle du magnifique graveur qu’est Rembrandt. L’étoffe somptueuse du manteau est traitée avec une ampleur que ni Dürer, ni Lucas de Leyde n’eussent même pu soupçonner. Le visage du vieillard éclairé de profil baigne dans la pénombre, tandis que sa barbe, comme immatérialisée de lumière, jette de la neige pure sur le pourpoint. Dans le Portrait de Saskia (collection Diaz), la face est d’une blancheur admirable. Tous les traits comme furieux de l’esquisse servent à mettre ce beau visage calme en évidence.

Nous ne pouvons insister sur tous les chefs-d’œuvre gravés par Rembrandt. Seuls les principaux nous arrêteront.