Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/110

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II

Puisque décidément je suis entré dans la Via Dolorosa des plus intimes aveux et que je me plais dorénavant à cette franchise qui fait l’honnête homme, parlons du peut-être seul vice impardonnable que j’ai, parmi tant et tant d’autres :

— La manie, la fureur de boire, — là !

D’abord, j’ai bu beaucoup quand j’allais chez mon oncle, à Fampoux, près d’Arras (gros village célèbre par un terrible accident de chemin de fer… Victor Hugo a dit : « Le Fampoux d’une conscience »), de l’breune et de chel’blinque et du g’nief sans compter les bistoules (mots amusants puisque patoisants, mais choses dures, même pour un estomac de vingt ans et déjà préjudiciables à une tête déjà en l’air).

Or, la première fois que j’ai bu, je pouvais en effet avoir dans les dix-sept, dix-huit ans. Je connaissais par conséquent la Femme et je vous assure que j’honorais fort cette sainte-là !

Donc je n’avais plus trop de ces scrupules enfantins que je regrette, trop en vain, de ne plus avoir