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confessions

commencement de la sagesse, non, pas tant que cela ! de la modération en vue d’un possible et probable bonheur ou du moins calme conjugal…

Mais, pour bien vous faire apprécier, goûter cette phase si importante de ma jeunesse, il convient de revenir encore en arrière, après quoi ces notes iront plus rapidement jusque à peu près l’époque actuelle qui est, je le crains ou l’espère, ou les deux ! la dernière de cette suite maussade, en définitive, d’événements contradictoires qui fut et continue d’être l’existence, la mienne !

Deux grands chagrins s’étaient succédé, il y avait six et cinq ans, pour mon cœur. Mon père, à la suite d’une chute dans un escalier, avait contracté, quelque huit ou dix mois auparavant, une maladie de la moelle épinière qui se manifestait par des attaques épileptiformes, dites, je crois, séreuses par les médecins, attaques de plus en plus fréquentes et suivies d’hébétude ; et, sur la fin, de retours intermittents à l’enfance, accompagnés d’embarras extrême dans la parole et d’accidents ataxiques des plus alarmants et des plus pénibles à notre tristesse à ma mère et à moi.

Pour finir vite avec ce souvenir encore si vif bien que vieux de trente ans, je perdis mon père le 30 décembre 1865. Si je donne ce détail qui peut sembler trop précis dans l’espèce, c’est parce que du fait même de la date, j’eus le supplément de