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confessions

moindre retenue est, on croirait, soigneusement bannie et à propos desquelles je n’ai nul repentir mais qui, bien au contraire, bercent pour les réveiller plus ardents, plus fauves, mes désirs tout, ou presque, à la chair maintenant !…

Le temps passait, bien lentement au gré de mon impatience vers un bonheur définitif, pensais-je de toutes les forces de mon sentiment et de ma raison. Après les mois de pluie et de neige où patauger non sans un charme comme aventurier (on fait ce qu’on peut : d’ailleurs l’Aventure m’attendait, infinie !) vinrent Avril et les primes jours de Mai, frisquets et coquets, qui cambraient sous leur piquante caresse mon buste alors svelte et tendaient mes jarrets infatigables en ces temps-là, surtout pour de tels pèlerinages que ceux vers le petit hôtel de la rue Nicolet.

Lorsque arriva l’été, le lourd été de 1870 — là en est parvenu mon récit — avec ses soirées interminables et la fréquence de ces orages, il commença, lors de mes visites d’après-dîner, à être enfin question de dates et le milieu de juin fut dès son tout commencement fixé pour l’heureuse cérémonie.


Donc ce sera par un clair jour d’été.
Le grand soleil, complice de ma joie,
Fera parmi le satin et la soie
Plus belle encore votre chère beauté.
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