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confessions

mêmes et parmi les ruines de ma mémoire, ces quelques épaves d’un vaste naufrage de paperasses et de souvenirs :


Ô l’Innocente que j’adore
De tout mon cœur, en attendant
Qu’à ce bonheur timide encore,
S’ajoute le plaisir ardent,

Vienne l’instant, ô l’Innocente,
Où sous mes mains libres enfin
Tombera l’armure impuissante
De la robe et du linge fin.

Et luise au jour chaud de la lampo
Intime de ce premier soir
Ton corps ingénu vers quoi rampe
Mon désir guettant ton espoir,

Et vibre en la nuit nuptiale
Sous mon baiser jamais transi
Ta chair naguère virginale,
Nuptiale enfin, Dieu merci !

Je t’apprendrai chère petite,
Ce qu’il te fallait savoir peu
Jusqu’à ce présent où palpite
Ton beau corps dans mes bras de dieu

Ta chair, si délicate, est blanche,
Telle la neige et tel le lys.
Ton sein aux veines de pervenche
Se dresse en deux arcs accomplis ;