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quinze jours en hollande

aux prêts usuraires et punis de ce fait, atrocement, sans pitié, par leur clientèle de rois et parfois, d’évêques et de papes, aujourd’hui sont partout, aux places les plus honorables, tenues par eux le plus honorablement qu’il soit !!

Mon hôte s’appelle Witsen ou plutôt mes hôtes s’appellent Witsen et Isaac Israëls. Witsen, un peintre, homme sérieux, concentré, est bien souvent sorti pour des soins relatifs aux conférences ; c’est Israëls, locataire dans la même maison, qui fait les honneurs de son logis. Physiquement Israëls est un petit homme d’une extraordinaire vivacité, se multipliant pour faire les honneurs d’un sommaire ménage. Un succulent pâté, de poisson fumé délicieux, jusqu’à un « ragoût bon » comme l’annonce le tout aimable petit homme dans son amusant français toujours clair et coulant d’ailleurs, tout cela largement arrosé de bordeaux, puis digéré à l’aide… nécessaire et efficace d’un café terrible trempé d’un genièvre à se mettre à genoux devant — nous mènent, tout en causeries plaisantes et en cigares, jusqu’à deux heures du matin. On se sépare et mon hôte par procuration regagna son appartement. Ouf ! je me couche et je m’endors pour me réveiller tard et prendre le thé. Sous prétexte de thé on mange comme quatre, viande, poisson, etc. — Mais laissez-moi vous présenter socialement cette fois l’excellent Israëls.