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confessions

d’un tel redoutable sur-titre) où l’on en lirait bien d’autres et de bien autres, pour ma confusion ! Celle-ci du moins a le mérite d’être innocente s’il en fut jamais !

Metz possédait et doit encore posséder une très belle promenade appelée « l’Esplanade », donnant en terrasse sur la Moselle qui s’y étale, large et pure, au pied de collines fertiles en raisins et d’un aspect des plus agréables. Sur la droite de ce paysage, en retrait vers la ville, la cathédrale profile à une bonne distance panoramique son architecture dentelée à l’infini. Vers la nuit tombante, des nuées de corbeaux reviennent en croassant, faut-il dire joyeusement ? reposer devers les innombrables tourelles et tourillons qui se dressent sur le ciel violet. Au centre de la promenade s’élevait, et doit encore s’élever, une élégante estrade destinée aux concerts militaires qui avaient lieu les jeudis après-midi et les dimanches d’ensuite de vêpres. Le « tout-Metz » flâneur ou désœuvré s’y donnait ces jours-là, à ces heures-là, rendez-vous. Toilettes, grands et petits saints, conversations, flirts probablement, agitations d’éventails, brandissage et usage du lorgnon, alors un monocle carré, ou du face-à-l’œil de nacre ou d’écaille, déjà mentionné, ce face-à-l’œil qui a essayé de ressusciter ces temps derniers entre tant de modes du passé, toutes ces choses intéressaient à l’extrême mon attention gamine et