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les hommes d’aujourd'hui

lin Cadet fut l’impayable propagateur), lisez, dis-je, entre de nombreux chefs-d’œuvre en l’espèce, le Bilboquet, flegme tout britannique, verve bien gauloise, exquis mélange d’humour féroce et de bon gros rire fin et sûr. Lisez encore ces choses, ni poèmes en prose (titre et forme bien affadis depuis ces maîtres, Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud), ni contes, ni récits, ni même histoires, le Hareng saur, angélique enfantillage justement célèbre, et le Meuble, que j’ai toutes raisons d’environner de sympathies même intrinsèques pour ainsi parler, l’ayant possédé, ce meuble, du temps où je possédais quelque chose au soleil de tout le monde. Enfin, fouillez les publications, exclusivement consacrées aux belles et bonnes Lettres, d’il y a quelque temps, la Renaissance, la Revue du Monde nouveau, plus récemment, la Décadence, etc. Vous reviendrez charmés puissamment, délicieusement frappés de ce voyage au pays bleu. Car Charles Cros, il ne faut jamais l’oublier, demeure poète, et poète très idéaliste, très chaste, très naïf, même dans ses fantaisies les plus apparemment terre-à-terre, cela d’ailleurs saute aux yeux dès les premières lignes de n’importe quoi de lui.

Mais pour le juger, pour l’admirer dans toute sa puissance de bon et très bon poète, es menester, comme dit l’Espagnol, de se procurer l’unique