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les hommes d’aujourd'hui

compte, par exemple, père et mère, de Racine ; promesse et messe, de Coppée ; impie et expie de votre serviteur, sont des rimes mauvaises parce qu’elles dérivent d’un même mot ou, ce qu’il y a de plus fort ! d’une même idée ; — d’où alors, vous sentez cela, les rimes en imparfaits du subjonctif ou en calembours, supportables dans le funambulesque, mais dont Banville lui-même proscrit l’excès et blâme l’usage dans la poésie autre. D’ailleurs, liberté absolue, telle ma devise si j’avais à en avoir une — et je trouve bon tout ce qui est bon, en dépit et en raison des règles. Les rythmes en assonances de Kahn, de Laforgue, de Moréas, de Vignier, me ravissent tout de même que ceux en vers plus ou moins traditionnels, avec ou sans césure, à rimes riches ou suffisantes, de Régnier, Vielé-Griffin, Laurent Tailhade, Ernest Raynaud, Stuart-Merrill, Vanor, de tant d’autres déjà glorieux ou vers la gloire ; la subtilité, soit ! de Charles Morice, l’obscurité, si l’on veut, de René Ghil


Ne ferment point mes yeux aux beautés qu’on y treuve,


et je suis sûr qu’Anatole France, si compétent, est de mon avis, malgré les réserves que sa situation littéraire presque officielle peut lui imposer de faire pour bien faire.


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