Page:Verlaine - Œuvres complètes, Vanier, V.djvu/466

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
454
les hommes d’aujourd'hui


Sur tes seins blancs voici les lys éclore,
J’entends tinter des muguets dans ta bouclie
Et dans tes yeux où le faste se couche
S’épanouit une lointaine flore.

Et de tes pieds aux doigts de sucre rose
À tes cheveux qui passent l’hyperbole
Se mariant à mainte fleur mi-close
L’on voit grimper la grâce, vigne folle.



FIVE O’CLOCK ABSINTHE


Quand le couchant étend son voile d’hyacinthe
               Sur Rastaquapolis.
C’est l’heure assurément de prendre son absinthe,
                Qu’en penses-tu, mon fils ?
C’est en été surtout, quand la soif vous terrasse
               — Tels cent Dreyfous bavards —
Qu’il convient de chercher une fraîche terrasse
                Le long des boulevards.
Où l’on sait rencontrer l’absinthe la meilleure.
                Celle du fils Pernod ;
Fi des autres ! De même un dièze est un leurre
                Quand il est de Gounod.
Je dis le long des boulevards, et non à Rome,
                Ni chez les Bonivards ;
Car pour être absinthier on n’en est pas moins homme.
                Et sur nos boulevards
On voit passer les plus suaves créatures
                Aux plus gentes façons :
Tout en buvant, cela réveille vos natures.
                C’est exquis…… mais passons.