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confessions


Ma mère préférait une pension qui me conduisît au lycée. Une pension, c’est plus familial et j’y aurais un peu de paternité (elle pensait : de maternité) avec les avantages scolastiques (elle pensait : et officiels, profitables, pratiques, pour plus tard) du lycée.

On se décida pour une bonne pension qui me conduisît au lycée.

Souvent dans mes promenades en famille, en passant par la rue Chaptal, venu des Batignolles, j’avais remarqué presque à l’entrée, à gauche, une grille donnant sur une cour pavée avec un corps de bâtiment et, en suite de la grille, troué d’une petite porte d’entrée, un long mur avec de grands panneaux de bois noir suspendus, tenus par des clous dorés où il y avait en lettres d’or des mentions de toutes sortes de choses enseignées : « Préparations aux Écoles spéciales, Baccalauréat, Licence, Enseignement secondaire et primaire. Cours du Lycée Bonaparte et du Collège Chaptal, etc., etc. » Au-dessus de la grille il y avait un écriteau en long, de bois noir également, avec, aussi en lettres d’or, plus grandes : « Institution L… » Cette pompeuse façade m’avait séduit et j’exprimai à mes parents le désir d’y entrer, désir qui, après renseignements pris et obtenus bons, fut exaucé.

Ce fut presque joyeux, moyennant promesses de venir me voir très souvent, que j’y fus conduit par