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confessions

tics se moquer de moi, me battre au besoin, une bonne fois ou deux, après quoi tout irait comme sur des roulettes, etc., etc.

Il parla si bien que ce fut presque joyeusement que je rentrai dans ce « bahut », mot que je devais connaître le jour même, d’où je m’étais sauvé si navré la veille. D’ailleurs pas médiocrement fier de mon compagnon chevronné, à la face hâlée au « bouc » épais un peu grisonnant déjà, dans son uniforme sombre si populaire alors et encore !

Il fut, comme bien on devine, facilement passé condamnation sur mon escapade, et c’est allègrement, le cœur léger, et plein de bonnes résolutions que je fus présenté par M. L… au professeur de la classe élémentaire où je devais passer un an avant de faire partie des élèves que la pension conduisait au lycée, alors Bonaparte, Condorcet depuis, après avoir passé par Fontanes entre temps.

Dans ce milieu qui était bien le mien, composé d’enfants de mon âge, de familles bourgeoises, gentils et timides pour la plupart, je m’apprivoisai vite et me plus si bien par la suite, que véritablement comparable aux peuples heureux qui n’ont pas d’histoire, c’est, peut-être, ce passage d’une année dans cette petite classe paisible aux récréations prises dans une cour spéciale où la surveillance était plus facile et, par le fait incessante, c’est peut-être, oui, la période de toute ma vie dont je me sou-