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XVI

Hommage dû


Je suis couché tout de mon long sur son lit frais :
Il fait grand jour ; c’est plus cochon, plus fait exprès,
Par le prolongement dans la lumière crue,
De la fête nocturne immensément accrue,
Pour la persévérance et la rage du cu
Et de ce soin de se faire soi-même cocu.
Elle est à poil et s’accroupit sur mon visage
Pour se faire gamahucher, car je fus sage
Hier et c’est — bonne, elle, au delà du penser ! —
Sa royale façon de me récompenser.

Je dis royale, je devrais dire divine :
Ces fesses, chair sublime, alme peau, pulpe fine,
Galbe puissamment pur, blanc, riche, aux stris d’azur,
Cette raie au parfum bandatif, rose obscur,
Lente, grasse, et le puits d’amour, que dire sur !
Régal final, dessert du con bouffé, délire
De ma langue harpant les plis comme une lyre !
Et ces fesses encor, telle une lune en deux
Quartiers, mystérieuse et joyeuse, où je veux
Dorénavant nicher mes rêves de poète
Et mon cœur de tendeur et mes rêves d’esthète !
Et, maîtresse, ou mieux, maître en silence obéi,
Elle trône sur moi, caudataire ébloui.


XVII

Morale en raccourci


Une tête blonde et de grâce pâmée,
Sous un cou roucouleur de beaux tétons bandants,
Et leur médaillon sombre à la mamme enflammée,
Ce buste assis sur des coussins bas, cependant
Qu’entre deux jambes, très vibrantes, très en l’air,
Une femme à genoux vers quels soins occupée,
Amour le sait — ne montre aux dieux que l’épopée
Candide de son cul splendide, miroir clair
De la Beauté qui veut s’y voir afin d’y croire.
Cul féminin, vainqueur serein du cul viril,
Fût-il éphébéen, et fût-il puéril.
Cul féminin, cul sur tous culs, los, culte et gloire !

FIN