Page:Verlaine - Femmes - 1890.djvu/9

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Sur des mollets que rebondis !

Ton visage de brune où les
Traces de robustes fatigues
Marquent clairement que tu brigues
Surtout le choc des mieux râblés,

Ton regard ficelle et gobeur
Qui sait se mouiller puis qui mouille
Où toute la godaille grouille
Sans reproche, ô non ! mais sans peur.

Toute ta figure — des pieds
Cambrés vers toutes les étreintes
Aux traits crépis, aux mèches teintes,
Par nos longs baisers épiés —

Ravigote les roquentins
Et les ci-devant jeunes hommes
Que voilà bientôt que nous sommes,
Nous électrise en vieux pantins,

Fait de nous de vrais bacheliers
Empressés auprès de ta croupe,
Humant la chair comme une soupe,
Prêts à râler sous tes souliers !

Tu nous mets bientôt à quia,
Mais, patiente avec nos restes,
Les accommode, mots et gestes,
En ragoût où de tout il y a.

Et puis quoique mauvaise au fond,
Tu nous as de ces indulgences !
Toi, si teigne entre les engeances,
Tu fais tant que les choses vont.

Tu nous gobes (ou nous le dis)
Non de te satisfaire, ô goule !
Mais de nous tenir à la coule
D’au moins les trucs les plus gentils.

Ces devoirs nous les déchargeons,
Parce qu’au fond tu nous violes,
Quitte à te fiche de nos fioles
Avec de plus jeunes cochons.