Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/147

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La marquise restait à genoux, attendant,
Toute admiration peureuse, cependant.

Et le Sauveur parla :

« Ma fille, le temps passe,
Et ce n’est pas toujours le moment de la grâce.
Profitez de cette heure, ou c’en est fait de vous. »

La vision cessa.

Oui certes, il est doux
Le roman d’un premier amant. L’âme s’essaie,
C’est un jeune coureur à la première haie.
C’est si mignard qu’on croit à peine que c’est mal.
Quelque chose d’étonnamment matutinal.
On sort du mariage habitueux. C’est comme
Qui dirait la lueur aurorale de l’homme
Et les baisers parmi cette fraîche clarté
Sonnent comme des cris d’alouette en été,
Ô le premier amant ! Souvenez-vous, mesdames !
Vagissant et timide élancement des âmes
Vers le fruit défendu qu’un soupir révéla…
Mais le second amant d’une femme, voilà !