Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/163

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Il rentrait ivre, assez lâche et vil pour la battre,
Et quand il voulait bien rester près d’elle un peu,
Il la martyrisait, en manière de jeu,
Par l’étalage de doctrines impossibles.

. . . . . . . . . . . . . . . .

« Mia, je ne suis pas d’entre les irascibles,

« Je suis le doux par excellence, mais tenez,
« Ça m’exaspère, et je le dis à votre nez,
« Quand je vous vois l’œil blanc et la lèvre pincée.
« Avec je ne sais quoi d’étroit dans la pensée
« Parce que je reviens un peu soûl quelquefois.
« Vraiment, en seriez-vous à croire que je bois
« Pour boire, pour licher, comme vous autres chattes,
« Avec vos vins sucrés dans vos verres à pattes
« Et que l’Ivrogne est une forme du Gourmand ?
« Alors l’instinct qui vous dit ça ment plaisamment
« Et d’y prêter l’oreille un instant, quel dommage !
« Dites, dans un bon Dieu de bois est-ce l’image
« Que vous voyez et vers qui vos vœux vont monter ?
« L’Eucharistie est-elle un pain à cacheter
« Pur et simple, et l’amant d’une femme, si j’ose
« Parler ainsi, consiste-t-il en cette chose
« Unique d’un monsieur qui n’est pas son mari
« Et se voit de ce chef tout spécial chéri ?
« Ah, si je bois c’est pour me soûler, non pour boire.
« Être soûl, vous ne savez pas quelle victoire