Page:Verlaine - Jadis et Naguère, 1891.djvu/50

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Vous lamenter avec ce courroux enfantin !
Moi, je rends grâce au dieu qui me fit ce destin
D’avoir aimé, d’aimer l’ingrat, d’aimer encore
L’ingrat qui tient de sots discours, et qui m’adore
Toujours, ainsi qu’il sied d’ailleurs en ce pays
De Tendre. Oui ! Car malgré vos regards ébahis
Et vos bras de poupée inerte, je suis sûre
Que vous gardez toujours ouverte la blessure
Faite par ces yeux-ci, boudeur, à ce cœur-là.

Myrtil, attendri.

Pourtant le jour où cet amour m’ensorcela
Vous fut autant qu’à moi funeste, mon amie.
Croyez-moi, réveiller la tendresse endormie,
C’est téméraire, et mieux vaudrait pieusement
Respecter jusqu’au bout son assoupissement
Qui ne peut que finir par la mort naturelle.

Rosalinde

Fou ! par quoi pouvons-nous vivre, sinon par elle ?

Myrtil, sincère.

Alors, mourons !