Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

12 LES POÈTES MAUDITS Allons ! c*est leur métier ; ils sont morts dans leurs [bottes ! Leur boujaron au cœur, tout vifs dans leurs capotes. . . — Morts... Merci : la Camarde a pas le pied marin Qu’elle couche avec vous : c’est votre bonne-femme.. . — Eux, allons donc : Entiers ! enlevés par la lame Ou perdus dans un grain... Un grain... est-ce la mort, ça? la basse voilure Battant à travers Teau! — Ça se dit encombrer... Un coup de mer plombé, puis la haute m&ture Fouettant les flots ras — et ça se dit sombrer. • — Sombrer— Sondez ce mot. Votre mort est bien pâle Et pas grand’chose à bord, sous la lourde rafale... Pas grand’chose devant le grand sourire amer Du matelot qui lutte. — Allons donc, de la place ! — Vieux fantôme éventé, la Mort change de face : La Mer!... N oy es?— Eh! allons donc! Les noyés sont d’eau douce. — Goules! corps et biens! Et, jusqu’au petit mousse, Le défi dans les yeux, dans les dents le juron ! A l’écume crachant une chique râlée. Buvant sans hauts-de-cœur la grand’ tasse salée.., — Comme ils ont bu leur boujaron. — — Pas de fond de six pieds ni rats de cimetière : Eux, ils vont aux requins ! L’&me d’un matelot, />