Page:Verlaine - Les Poètes maudits, 1888.djvu/65

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LES POÈTES MAUDITS 47 Et si, rossés, ils ont provoqué le pervers, Leur rapière en grinçant suit le rayon de lune Qui neige en sa carcasse et qui passe au travers. Malheureux sans l’orgueil d’une austère infortune, Dédaigneux de venger leurs os de coups de bec, Ils convoitent la haine et n’ont que la rancune. Ils sont l’amusement des racleurs de rebec. Des femmes, des enfants et de la vieille engeance Des loqueteux dansant quand le broc est à sec. Les poètes savants leur prêchent la vengeance, Et ne sachant leur mal, et les voyant brisés, Les disent impuissants et sans intelligence. « Ils peuvent, sans quêter quelques soupirs gueuses, (a Comme un buffle se cabre aspirant la tempête, « Savourer à présent leurs maux éternisés : « N ous soûlerons d’encens les FoKs qui tiennent tête (( Aux fauves séraphins du Mal ! Ces baladins « N’ont pas mis d’habit rouge et veulent qu’on s’ar- rête !» Quand chacun a sur eux craché tous ses dédains. Nus, ensoiffés de grand et priant le tonnerre, Ces Hamlet abreuvés de malaises badins Vont ridiculement se pendre au réverbère. ^