Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 1.djvu/286

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Après les trois jours réglementaires à la villa Harboe, les passagers rejoignirent l’Alert, où tout était prêt pour le départ. M. et Mme Harboe les reconduisirent à bord. Ils y reçurent les remerciements de M. Patterson pour leur aimable hospitalité, et les deux frères s’embrassèrent une dernière fois.

Dès le soir du 28 juillet, le trois-mâts leva l’ancre, éventa ses voiles, et, profitant de la brise de nord-est, mit le cap au sud-ouest sur l’île de Sainte-Croix, où devait se faire la seconde relâche.

Les soixante milles qui séparent les deux îles furent franchis en trente-six heures.

Lorsque, comme cela a été mentionné, les colons, trop à l’étroit dans Saint-Thomas et dans Saint-Jean, voulurent s’établir à Sainte-Croix, dont l’étendue est de deux cent dix-huit kilomètres carrés, ils trouvèrent cette île aux mains des flibustiers anglais qui s’y étaient fixés depuis le milieu du XVIIe siècle. De là nécessité d’entrer en lutte, combats multiples et sanglants qui tournèrent à l’avantage des aventuriers de la Grande-Bretagne. Mais, depuis leur arrivée, ces gens, plutôt pirates que colons, ne s’adonnant qu’à la course en ces parages, avaient négligé toute culture dans l’île.