Page:Verne - Bourses de voyage, Hetzel, 1904, tome 2.djvu/206

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rait pu aller directement à son but, au lieu de se diriger en aveugle. Avant que la mer se fût grossie sous les rafales, il eût franchi la faible distance qui le séparait de ce but et assuré le salut commun.

Cette embarcation contenait onze personnes : deux hommes et neuf jeunes garçons, dont les plus âgés s’étaient mis aux avirons. L’un des hommes, se relevant parfois, essayant de glisser son regard à travers quelque déchirure des brumes, prêtait l’oreille…

C’était le grand canot de l’Alert qui emportait les fugitifs. C’étaient Louis Clodion et Axel Wickborn qui nageaient à l’avant. C’était Will Mitz qui gouvernait, cherchant vainement sa route au milieu de cette obscurité que les buées chaudes de la nuit rendaient plus épaisse encore.

Ils avaient perdu de vue l’Alert depuis un quart d’heure et ils n’apercevaient pas le feu blanc du trois-mâts dont la distance ne devait pas dépasser un demi-mille, le calme ayant dû le maintenir à la même place.

Voici comment les choses s’étaient passées.

À la suite de la conversation surprise entre Corty et Ranyah Cogh, Will Mitz s’était