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césar cascabel.

Tout l’équipage a péri, à l’exception de Kirschef et de moi. Après nous êtes jetés dans une embarcation, la tempête nous a chassés sur les îles de la Nouvelle-Sibérie, où nous sommes tombés au pouvoir des indigènes.

À quelle époque ? demanda M. Serge.

— Il y a deux mois !

— Et quel accueil vous a-t-on fait ?…

— Le même qu’à vous, sans doute, répondit Ortik. Nous sommes prisonniers de Tchou-Tchouk, et il ne nous relâchera que contre rançon…

— Et où la prendre ? » reprit Kirschef.

Puis, d’un ton assez brusque, Ortik ajouta :

« À moins que vous n’ayez de l’argent… pour vous et pour nous… car nous sommes compatriotes, je pense ?…

— En effet, répondit M. Serge, mais l’argent que nous possédions a été volé par les indigènes, et nous sommes aussi dénués de ressources que vous pouvez l’être !

— Tant pis ! » répliqua Ortik.

Tous deux donnèrent alors quelques détails sur leur manière de vivre. C’était cette cavité, étroite et obscure, qui leur servait de demeure, et on leur laissait une certaine liberté tout en les surveillant. Leurs vêtements étaient en lambeaux, ils n’avaient d’autre nourriture que la nourriture habituelle des indigènes, et c’est à peine si cela leur suffisait. Ils pensaient, du reste, que la surveillance deviendrait beaucoup plus sévère au retour de la belle saison, lorsqu’une évasion serait possible.

« Comme il suffira de s’emparer d’un canot de pêche pour passer sur le continent, il est certain que les indigènes se défieront davantage, et peut-être nous enfermeront-ils ?…

— Mais la belle saison, répondit M. Serge, elle ne viendra pas avant quatre ou cinq mois, et rester prisonnier jusque-là…

— Avez-vous donc un moyen de vous échapper ?… demanda vivement Ortik.