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hivernage.

— Parfaitement !

— En ce cas, monsieur Serge, il serait nécessaire de partir avant la débâcle des glaces, c’est-à-dire avant trois mois…

— Évidemment.

— Et comment ?…

— Peut-être les indigènes consentiront-ils à nous laisser partir ?…

— Je ne le crois pas, puisqu’il est impossible de leur payer rançon. »

M. Cascabel, à qui la réponse d’Ortik venait d’être rapportée, répondit aussitôt :

« À moins que ces imbéciles n’y soient forcés !

— Forcés… Par qui ? demanda Jean.

— Par les circonstances !

— Les circonstances, père ?

— Oui ! Tout est là… Les circonstances, mon fils, les circonstances ! »

Et il se grattait la tête à s’arracher les cheveux, sans parvenir à en extraire une idée.

« Voyons, mes amis, dit M. Serge, l’essentiel est de prévoir le cas où les indigènes refuseraient de nous rendre la liberté. Est-ce que nous n’essayerons pas de nous passer de leur consentement ?

— Nous essayerons, monsieur Serge, répondit Jean. Mais nous serons contraints d’abandonner notre Belle-Roulotte !

— Ne parle pas ainsi, Jean !… s’écria M. Cascabel. Ne parle pas ainsi, tu me brises le cœur !…

— Réfléchis, père !

— Non !… La Belle-Roulotte, c’est notre maison qui marche !… C’est le toit sous lequel tu aurais pu naître, mon fils !… L’abandonner à la merci de ces amphibies, de ces… !

— Mon cher Cascabel, reprit M. Serge, nous ferons tout ce qui dépendra de nous pour décider les indigènes à nous rendre la liberté. Mais, comme toutes les probabilités sont pour qu’ils s’y refusent, une évasion sera notre seule ressource. Eh bien, si nous parve-