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dénouement très applaudi des spectateurs.

ordinaire de la pièce va être compromis, ce jour-là, car la situation n’est plus la même.

En effet, lorsque M. Cascabel était seul à représenter toute la bande des brigands de la Forêt Noire, Jean, Sandre, leur mère, leur sœur, et aussi Clou-de-Girofle, avaient la partie belle pour le tenir en respect, en attendant l’arrivée des gendarmes, qui étaient signalés au lointain dans la coulisse. Mais, cette fois, le chef Fracassar est à la tête de huit malfaiteurs en chair et en os, visibles, palpables, et dont il sera bien difficile d’avoir raison… Il y avait donc lieu de se demander comment cela finirait, pour que la vraisemblance ne fût pas trop choquée…

Soudain, un peloton de Cosaques fait irruption sur la piste. Voilà une entrée des plus inattendues…

En vérité, M. Cascabel n’a rien négligé pour donner à cette représentation un éclat extraordinaire, et sa figuration est au complet. Gendarmes ou Cosaques, c’est tout un ! En un instant, Ortik, Kirschef, leurs six compagnons, sont terrassés, garrottés, et d’autant plus facilement que leur rôle les oblige à se laisser faire…

Mais, tout à coup, voilà que des cris se font entendre :

« Ah ! pas moi, s’il vous plaît, braves Cosaques !… Ceux-ci tant que vous voudrez !… Moi… je n’en suis que pour rire ! »

Et qui parle ainsi ?… C’est Fracassar ou plutôt M. Cascabel, qui s’est relevé, les mains libres, tandis que les figurants, dûment enchaînés, sont entre les mains de la police.

Voilà quelle avait été la grande idée de César Cascabel ! Après avoir prié Ortik et ses complices de jouer le rôle des brigands, il s’était mis en rapport avec les autorités de Perm, en les prévenant qu’il y aurait « un fameux coup à faire ! ». Cela explique comment un peloton de Cosaques était arrivé juste au dénouement de la pièce.

Ah ! il était réussi et bien réussi, ce fameux coup ! Ortik et les autres étaient bel et bien pincés par les agents de l’autorité.

Mais Ortik s’est redressé, et, désignant M. Cascabel au chef des Cosaques :