Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/79

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vers lui. Popof sourit, et bientôt ses bouffées odorantes se mélangent voluptueusement aux miennes.

Voilà une quinzaine d’années, je crois l’avoir dit, que notre chef de train est au service de la Compagnie transcaspienne. Il connaît le pays jusqu’à la frontière chinoise, et, cinq ou six fois déjà, il a parcouru la ligne entière, comprise sous le nom de Grand-Transasiatique.

Popof était donc en fonction sur les trains qui desservaient la section initiale entre Mikhaïlov et Kizil-Arvat, — section commencée en décembre 1880, achevée en dix mois, novembre 1881. Cinq ans après, la première locomotive entrait à Merv, le 14 juillet 1886, et dix-huit mois plus tard, on la saluait à Samarkande. À l’heure qu’il est, les rails du Turkestan sont raboutés aux rails du Céleste-Empire, et ce ruban de fer se développe depuis la mer Caspienne jusqu’à Pékin sans interruption.

Dès que Popof eut achevé de me donner ces renseignements, je lui demandai ce qu’il savait de nos compagnons de voyage, — j’entends de ceux qui sont à destination de la Chine. Et d’abord, le major Noltitz ?…

« Le major, me répond Popof, a longtemps vécu au milieu des provinces turkestanes, et, s’il se rend à Pékin, c’est pour organiser le service d’un hôpital affecté à nos compatriotes — avec l’autorisation du Czar, cela va de soi.

— Il me plaît, ce major Noltitz, ai-je répondu, et j’espère faire bientôt sa connaissance.

— Il ne demandera pas mieux que de faire la vôtre, me répond Popof.

— Et ces deux Chinois qui sont montés dans le train à Ouzoun-Ada, les connaissez-vous ?

— En aucune façon, monsieur Bombarnac, et je ne sais d’eux que le nom qui est porté sur leur bulletin de bagages.

— Nommez-les, Popof.

— Le plus jeune s’appelle Pan-Chao, le plus âgé s’appelle Tio-King.