Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/81

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— Des comédiens, qui vont jouer la comédie en Chine. »

Des comédiens ?… Si cela explique certaines attitudes, certaines mines, la mobilité de la physionomie, les gestes démonstratifs de M. Caterna, cela n’explique pas ses locutions maritimes.

« Et savez-vous quel est l’emploi de ces artistes ? demandai-je à Popof.

— Le mari est trial et grand premier comique.

— Et la femme ?…

— Première dugazon.

— Et où va ce couple lyrique ?…

— À Shangaï, où ils sont engagés tous les deux au théâtre de la résidence française. »

Voilà qui est parfait. Je causerai théâtre, racontars de coulisses, potins de province, et, comme dit Popof, la connaissance sera bientôt faite avec le joyeux trial et la charmante dugazon. Mais ce n’est pas en leur compagnie que je trouverai le héros romanesque, objet de mes désirs !

Quant au gentleman dédaigneux, notre chef de train ne sait rien de lui, si ce n’est que ses malles portent l’adresse suivante : Sir Francis Trevellyan de Trevellyan-Hall, Trevellyanshire.

« Un monsieur qui ne répond pas quand on lui parle ! » ajoute Popof.

Eh bien ! mon numéro 8 sera un rôle muet, et je ne savais pas dire si juste.

« Arrivons à l’Allemand, repris-je alors.

— Le baron Weissschnitzerdörfer ?

— Il va jusqu’à Pékin, je pense ?

— Jusqu’à Pékin, et au delà, monsieur Bombarnac.

— Au delà ?…

— Oui… il fait le tour du monde.

— Le tour du monde ?…

— En trente-neuf jours. »

Ainsi, après mistress Bisland, qui a fait ce fameux tour en soixante-