Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ailleurs que dans le port, et, d’après le Joanne, il y a le torrent du Rehhi, qui est en partie recouvert par le boulevard Oudinot. »

Enfin, quoi qu’en eût Marcel Lornans, cette matinée fut employée à courir les quais du port. Aussi la visite avait-elle été complète, lorsque M. Dardentor et les deux Parisiens revinrent déjeuner à l’hôtel. Après deux heures consacrées à la sieste et à la lecture des journaux, Clovis Dardentor se fit ce raisonnement qu’il communiqua à ses jeunes amis :

« Mieux vaudrait remettre à demain la promenade dans l’intérieur de la ville.

— Et pourquoi ?… demanda Marcel Lornans.

— Parce que les Désirandelle pourraient la trouver mauvaise si je les lâchais dans les grands prix ! D’un cran, passe, mais de deux ! »

Patrice n’étant pas là, M. Dardentor avait beau jeu pour dire les choses « comme elles lui venaient ».

« Mais, interrogea Jean Taconnat, ne devez-vous pas dîner chez Mme Elissane ?…

— Oui… aujourd’hui encore. À partir de demain, par exemple, on se baladera jusqu’au soir… Au revoir donc. »

Et Clovis Dardentor prit d’un pas relevé la direction de la rue du Vieux-Château.

« Lorsque je ne suis pas à ses côtés, affirma Jean Taconnat, je crains toujours qu’il ne lui arrive malheur…

— Bonne âme ! » répondit Marcel Lornans.

Insister sur ce fait que M. Dardentor fut reçu avec un vif plaisir dans la maison de Mme Elissane, que Louise, attirée instinctivement vers cet excellent homme, lui témoigna grande amitié, ce serait perdre son temps en phrases inutiles.

Quant au fils Désirandelle, il n’était pas là… il n’était jamais là. À rester dans la maison, il préférait muser au dehors, ce garçon. Il ne revenait qu’à l’heure des repas. Bien qu’il prît place à table, à droite de Louise Elissane, c’est à peine s’il lui adressait la parole. À vrai dire, M. Dardentor, assis près d’elle, n’était pas homme à laisser