Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/149

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ses trois étages d’arcatures, si Clovis Dardentor n’eût fait observer que le temps pressait.

En sortant, Marcel Lornans aperçut au balcon du minaret un personnage dont la longue-vue parcourait l’horizon.

« Tiens… M. Oriental ! dit-il.

— Quoi… ce dénicheur d’étoiles… ce recenseur de planètes ! s’écria notre Perpignanais.

— Lui-même… et il lorgne…

— S’il lorgne, ce n’est pas lui ! affirma Jean Taconnat. Du moment qu’il ne mange pas, il n’est plus M. Oriental ! »

C’était bien le président de la Société astronomique de Montélimar, qui suivait l’astre radieux dans sa course diurne.

Enfin, MM. Dardentor, Marcel Lornans et Jean Taconnat avaient grand besoin de repos, lorsqu’ils rentrèrent à l’hôtel pour l’heure du dîner.

Patrice, profitant, sans en abuser, des loisirs que lui laissait son maître, s’était déplacé méthodiquement le long des rues, ne se croyant pas obligé à tout voir en un seul jour, et enrichissant sa mémoire de précieux souvenirs.

Aussi se permit-il un blâme à l’égard de M. Dardentor qui, selon lui, n’apportait pas une suffisante modération dans ses actes et risquait de se fatiguer outre mesure. Il obtint pour toute réponse que la fatigue n’avait pas prise sur un natif des Pyrénées-Orientales, lequel l’envoya coucher.

C’est ce que fit Patrice, vers huit heures, non point métaphoriquement, mais matériellement, après avoir charmé les gens de l’office autant par ses réparties que par ses manières.

À cette heure-là, M. Dardentor et les deux cousins arrivaient à la maison de la rue du Vieux-Château. Les familles Elissane et Désirandelle se trouvaient au salon. Sur la présentation que fit Clovis Dardentor, Marcel Lornans et Jean Taconnat reçurent un aimable accueil.

La soirée fut ce que sont toutes ces soirées bourgeoises, — une