Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cieuse vis-à-vis. Six kilomètres en amont, après avoir côtoyé le petit lac Morselli, le train fit halte à la station de la Sènia. À vrai dire, c’est à peine si les meilleurs yeux purent distinguer la bourgade, située à douze cents mètres, au point où se bifurque la route départementale d’Oran à Mascara.

Cinq kilomètres au-delà, après avoir laissé sur la droite l’ancienne redoute d’Abd el Kader, il y eut un arrêt à la station de Valmy, où le chemin de fer coupe la route sus-indiquée.

À gauche, se développe un large segment du grand lac salé de Sebgha, dont l’altitude atteint déjà près de quatre-vingt-douze mètres au-dessus du niveau méditerranéen.

Des angles qu’ils occupaient dans leur compartiment, Clovis Dardentor et Louise Elissane n’aperçurent ce lac qu’imparfaitement. Dans tous les cas, si vaste qu’il soit, il n’eût obtenu qu’un regard dédaigneux de Jean Taconnat, car ses eaux étaient déjà très basses à cette époque, et il ne tarderait pas à s’assécher totalement sous les ardeurs de la saison chaude.

Jusqu’alors, la direction de la ligne avait été sud-est ; mais elle se releva vers la bourgade du Tlélat, où le train vint bientôt stationner.

Clovis Dardentor s’était muni d’un plan de poche sur toile à plis rectangulaires, comprenant l’itinéraire du voyage. Cela ne saurait étonner de la part d’un homme si pratique et si précautionné. S’adressant à ses compagnons :

« C’est ici, dit-il, que s’embranche la ligne de Sidi-bel-Abbès, qui nous ramènera à Oran au retour de notre excursion.

— Mais, demanda M. Désirandelle, est-ce que cette ligne ne se prolonge pas jusqu’à Tlemcen ?…

— Elle doit se prolonger, après s’être bifurquée à Boukhanéfès, répondit M. Dardentor, et n’est point encore achevée.

— Peut-être est-ce fâcheux, fit observer Mme Elissane. Si nous avions pu…

— Bonté divine, ma chère dame, s’écria Clovis Dardentor, c’eût