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deux ans de vacances.

IX

Visite à la caverne. – Meubles et ustensiles. – Les bolas et le lazzo. – La montre. – Le cahier presque illisible. – La carte du naufragé. – Où l’on est. – Retour au campement. – La rive droite du rio. – La fondrière. – Les signaux de Gordon.


Briant, Doniphan, Wilcox et Service gardaient un profond silence. Quel était l’homme qui était venu mourir en cet endroit ? Était-ce un naufragé, auquel les secours avaient manqué jusqu’à sa dernière heure ? À quelle nation appartenait-il ? Était-il arrivé jeune sur ce coin de terre ? Y était-il mort vieux ? Comment avait-il pu subvenir à ses besoins ? Si c’était un naufrage qui l’avait jeté là, d’autres que lui avaient-ils survécu à la catastrophe ? Puis, était-il resté seul après la mort de ses compagnons d’infortune ? Les divers objets, trouvés dans la caverne, provenaient-ils de son bâtiment, ou les avait-il fabriqués de ses mains ?

Que de questions dont la solution resterait peut-être à jamais ignorée !

Et, entre toutes, une des plus graves ! Puisque c’était sur un continent que cet homme avait trouvé refuge, pourquoi n’avait-il pas gagné quelque ville de l’intérieur, quelque port du littoral ? Le rapatriement présentait-il donc de telles difficultés, de tels obstacles, qu’il n’avait pu les vaincre ? La distance à parcourir était-elle si grande qu’il fallût la considérer comme infranchissable ? Ce qui était certain, c’est que ce malheureux était tombé, affaibli par la maladie ou par l’âge, qu’il n’avait pas eu la force de regagner sa caverne, qu’il était mort au pied de cet arbre !… Et si les moyens lui avaient manqué pour aller chercher le salut vers le nord ou vers l’est de ce territoire, ne manqueraient-ils pas également aux jeunes naufragés du Sloughi ?