V
Île ou continent ? c’était toujours la grave question dont se préoccupaient Briant, Gordon, Doniphan, que leur caractère et leur intelligence faisaient véritablement les chefs de ce petit monde. Songeant à l’avenir, quand les plus jeunes ne s’attachaient qu’au présent, ils s’entretenaient souvent à ce sujet. En tout cas, que cette terre fût insulaire ou continentale, il était manifeste qu’elle n’appartenait point à la zone des tropiques. Cela se voyait à sa végétation, chênes, hêtres, bouleaux, aunes, pins et sapins de diverses sortes, nombreuses myrtacées ou saxifragées, qui ne sont point les arbres ou arbustes répandus dans les régions centrales du Pacifique. Il semblait même que ce territoire devait être un peu plus haut en latitude que la Nouvelle-Zélande, plus rapproché du pôle austral par conséquent. On pouvait donc craindre que les hivers y fussent très rigoureux. Déjà un épais tapis de feuilles mortes couvrait le sol