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de l’armée régulière du Canada — quatre mille hommes en tout. Le ministre n’avait pu disposer d’un effectif plus considérable, car la guerre d’Amérique n’était pas populaire en France, si elle l’était à un rare degré dans le Royaume-Uni.

Dès le début de la campagne, premiers succès au profit de Montcalm. Prise du fort William-Henry, bâti au sud de ce lac George, qui forme le prolongement du lac Champlain.

Défaite des troupes anglo-américaines à la journée de Carillon. Mais, malgré ces brillants faits d’armes, évacuation du fort Duquesne par les Français, et perte du fort Niagara, rendu par une garnison trop faible, que la trahison des Indiens empêche de secourir en temps utile. Enfin, prise de Québec, en septembre 1759, par le général Wolfe à la tête de huit mille hommes de débarquement. Les Français, malgré la bataille qu’ils gagnent à Montmorency, ne peuvent éviter une défaite définitive. Montcalm est tué, Wolfe est tué. Les Anglais sont en partie maîtres des provinces canadiennes.

L’année suivante, une tentative est faite pour reprendre Québec, cette clef du Saint-Laurent. Elle échoue, et, peu de temps après, Montréal est contraint à capituler.

Enfin, le 10 février 1763, un traité intervient. Louis XV renonce à ses prétentions sur l’Acadie au profit de l’Angleterre. Il lui cède en toute propriété le Canada et ses dépendances. La Nouvelle-France n’existe plus que dans le cœur de ses enfants. Mais les Anglais n’ont jamais su s’adjoindre les peuples qu’ils ont soumis ; ils ne savent que les détruire. Or, on ne détruit pas une nationalité, lorsque la majorité des habitants a gardé l’amour de son ancienne patrie et ses aspirations d’autrefois. En vain la Grande-Bretagne organise-t-elle trois gouvernements, Québec, Montréal et Trois-Rivières. En vain veut-elle imposer la loi anglaise aux Canadiens, les astreindre à prêter un serment de fidélité. À la suite d’énergiques réclamations, en 1774, un bill est adopté, qui remet la colonie sous l’empire de la législation française.

D’ailleurs, s’il n’a plus rien à redouter de la France, le Royaume-Uni va se trouver en face des Américains. Ceux-ci, en effet,