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L’enfant fut alors porté au presbytère, où il fut triomphalement accueilli. De par les traditions de la dîme, le petit Jean appartenait à l’église. Comme tel, il serait élevé aux frais de la paroisse. Et, lorsque le cortège se remit en route pour revenir à la ferme de Chipogan, les cris de joie éclatèrent par centaines en l’honneur de Thomas et de Catherine Harcher.


XI
le dernier des sagamores.


Le lendemain, les cérémonies recommencèrent. Nouveau cortège qui se rendit à l’église, dès la première heure. Même recueillement à l’aller, même entrain au retour.

Les jeunes Clément et Cécile Harcher, l’un dans son habit noir, qui en faisait comme un petit homme, l’autre dans son costume blanc, qui en faisait comme une petite fiancée, figuraient parmi les premiers communiants venus des fermes avoisinantes. Si les autres « habitants » n’étaient pas aussi riches en progéniture que Thomas Harcher de Chipogan, ils n’en avaient pas moins un nombre très respectable de rejetons. Le comté de Laprairie était véritablement comblé des bénédictions du Seigneur, et, à cet égard, il eût pu lutter avec les plus fécondes bourgades de la Nouvelle-Écosse.

Ce jour-là, Pierre ne revit plus l’étranger, dont la présence l’avait inquiété la veille. En effet, cet agent était reparti. Avait-il soupçonné quelque chose relativement à Jean-Sans-Nom ? Était-il allé faire son rapport au chef de la police de Montréal ? On le saurait avant peu, sans doute.